“Est-ce que vous avez des bijoux pour hommes?”
Cette question revient souvent, du coup, parlons-en.
De notre point de vue, nos bijoux ne sont pas genrés. Parmi nos client.es, nous avons essentiellement des femmes, mais aussi des hommes!
Nous sommes fières que des hommes portent nos boucles d’oreilles dites féminines par certain.es, et souhaitons que ça continue dans ce sens.
Nous nous refusons à ranger nos bijoux dans des cases hommes ou femmes. De notre point de vue, c’est une affaire de goût. Ce bijou vous plaît? Alors, portez-le.
Au fil de nos rencontres, nous nous rendons compte que la réalité n’est pas aussi simple que ça. En effet, certains hommes ont besoin que les bijoux soient spécifiquement “pour hommes”. Peut-être une appréhension de sortir des sentiers battus, ou une peur de paraître trop féminin selon leurs croyances?
Le sujet mérite en tout cas d’être creusé, alors c’est parti!
Mais d’abord, un petit peu d'histoire !
L’être humain se pare de bijoux depuis la nuit des temps. Et vous savez quoi? Ils n’étaient pas spécialement genrés. Le bijou féminin, en terme d’histoire, est même plutôt récent.
Autrefois, ce sont les hommes qui portaient le plus de bijoux. En effet, ils permettaient d’asseoir une position sociale, de monter sa richesse et représentaient des symboles de pouvoir. Plastrons pour les pharaons, couronnes et sceptres pour les rois, tous ces attributs sont des bijoux. Les épées également étaient parfois de vrais joyaux, serties de pierres précieuses, certaines de ces armes servaient uniquement aux cérémonies et à l’apparat.
Ces bijoux étaient portés aussi bien du vivant de leurs propriétaires que dans leur mort.
Dernièrement, lors du couronnement du roi Charles III vous avez pu voir tous ces bijoux qui sont, dans ce cas, symboles de pouvoir et de tradition.
Durant le Moyen-Âge, les bijoux étaient portés par une toute petite partie de la population: les nobles et le clergé. Pour les hauts dignitaires ecclésiastiques, le but était de montrer une connexion et une dévotion au divin, mais aussi asseoir leur pouvoir.
Une ordonnance de 1294 interdisait même au peuple et aux simples bourgeois de porter des bijoux trop ostentatoires.
À cette époque, les bijoux étaient aussi utilitaires, comme les fibules, les broches ou les boucles de ceintures. C’est à cette période que les chevalières ont fait leur apparition. Elles servaient à apposer un sceau sur un document par exemple. Elles étaient donc souvent ornées d’un monogramme ou d’armoiries familiales.


Nous avons tous l’image du pirate, paré de grands anneaux d’or à l’oreille. Cette pratique, courante aussi chez les marins, avait une utilité: en cas de mort du flibustier, ces bijoux servaient à lui offrir une sépulture.
En occident, la révolution et le protestantisme ont petit à petit imposé la sobriété. Les signes ostentatoires de richesse et les bijoux sont devenus superficiels et futiles, et de ce fait, l’apanage des femmes…
Durant la Première Guerre mondiale, les soldats britanniques portaient des “dog tag”, ou plaque d’identification militaire. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les américains se sont mis à en porter aussi. Ces médailles étaient, et sont toujours utilitaires. Elles permettent d’identifier la personne décédée ou gravement blessée. Lors de la guerre du Vietnam, le dog tag est petit à petit devenu un accessoire de mode. Porté par certains musiciens ou célébrités de l’époque en signe de contestation, son utilisation s’est ensuite propagée, et reste encore aujourd’hui un bijou porté par les hommes.
La révolution industrielle et l’ouverture des frontières a petit à petit changé les codes du bijou masculin. Les parures extravagantes ont petit à petit laissé place aux bijoux plus fonctionnels de l’homme moderne: montre de poche, puis montre, bracelet, chevalière, épingle à cravate, ou boutons de manchettes. Ces changements sont néanmoins propres à l’occident, dans les pays orientaux et asiatiques, les codes ne sont pas les mêmes…
Est-ce que le bijou est culturel?
Hé bien oui, en partie. Il y a évidemment un part de religieux, il permet de montrer son appartenance ou ses croyances. Le bijou a aussi une part plus mystique, arboré comme un talisman ou une amulette par exemple.
En occident, le bijou pour homme sera traditionnellement sobre. La plupart des hommes porteront une discrète alliance, une montre ou éventuellement une chevalière familiale.
En ayant travaillé dans la vente de bijoux, nous pouvons vous assurer que les codes sont très changeants en fonction de l’origine du client. En effet, un homme européen cherchera un bijou souvent brut, mat, et sans pierres, de préférence de couleur grise.
Les clients venant d’Orient, du Magreb, d’Asie verront le bijou dit “masculin” de préférence doré et orné de pierres…
Comme quoi, tout est une question de point de vue!
Le bijou, un objet d’appartenance et de contestation?
Petit à petit, le bijou est devenu symbole d’opposition au monde bourgeois.
Nous avons précédemment parlé du dog tag, porté par les soldats puis par des artistes comme John Lennon ou Jimi Hendrix en signe de protestation à la guerre du Vietnam et en signe de paix.
Nous l’avons vu plus haut, la créole à une seule oreille, arborée originellement par les marins et les corsaires a connu son heure de gloire à la fin du XXe siècle, symbole d’appartenance à une communauté, punk ou gay par exemple. Dans les années 80, portée à l’oreille gauche elle signifiait “je suis homosexuel”. Aujourd’hui, portées par de nombreux artistes sans connotation spécifique, ces codes tendent à disparaître.
Les rockeurs, les punks, les rappeurs ou les motards se sont aussi appropriés les piercings et les bijoux. Les grosses chaînes en or, les chevalières et bracelets cloutés ont été remis au goût du jour.
Dans les années 80, la culture hip-hop a vu apparaître les grillz. Il s’agit de prothèses dentaires, de préférence en métal précieux et ornées de pierres précieuses. Popularisés par des rappeurs dans leurs clips, ils sont aujourd’hui présents dans tous les milieux.
On pourrait penser que c’est une nouvelle mode, pourtant les modifications dentaires remontent à l’Égypte antique…


Et aujourd’hui?
Aujourd’hui, la mode tend à devenir plus inclusive, les frontières sont aussi plus fluides et les bijoux sont de plus en plus unisexes. Les distinctions de genre s’estompent, laissant place à plus de liberté individuelle.
La jeune génération de musiciens et comédiens, porteurs de la mode de demain, arborent de plus en plus des bijoux ni féminins ni masculins et se permettent des choix vus il y a quelques années comme des transgressions, l’acteur Timothée Chalamet et le chanteur Harry Styles en tête.
Et si finalement, vous choisissiez juste un bijou qui vous plaît? On vous donne rendez-vous sur Instagram ou bien sur notre boutique !

